Je voudrais vous dire quelques mots de Marie-Rose Carlié, la dernière des créateurs de l’Atelier, décédée la veille du douze avril dernier.
Bien sûr elle nous manque et nous sommes dans la peine et malheureux de sa disparition, mais ne restons pas tristes, car Marie-Rose n’est pas partie. Même si elle n’est plus à nos côtés, elle ne nous a pas quittés, car elle restera toujours dans nos pensées et notre cœur.
Pour ma part, j’ai été profondément marqué par notre rencontre sur au moins cinq plans. Prenons les cinq lettres de son nom, Marie :
M, comme une leçon de Modestie. Marie-Rose s’est éteinte paisiblement, en illustrant encore la simplicité dont elle avait toujours fait preuve. Nous étions ainsi nombreux à ignorer tous ses succès et tous ses mérites.
A, comme une leçon d’Amour. Marie-Rose me manque. Nous nous voyions régulièrement. C’était une chance de la rencontrer, que bien d’entre nous à partageaient. Nous savons en effet combien il était important pour elle d’accueillir tous ceux qui la sollicitaient. Elle passait du temps à parler avec chacun et lui donnait le sentiment d’être unique. Je ne lui ai jamais entendu dire que des compliments. Elle partageait, ainsi, avec les autres, sa foi dans la providence et son bonheur.
R, comme une leçon de Reconnaissance et de Respect. Nous nous appelions souvent. Pourtant, contrairement à ce que pouvait supposer certains, elle avait à cœur de ne pas interférer avec les responsables qui lui ont succédé, à la tête de notre action, en particulier François Casimir. Elle ne me demandait jamais rien sur l’Atelier. Elle m’avait dit ainsi qu’elle ne voulait venir à nos Assemblées Générales qu’un moment, pour nous manifester son soutien, sans s’imposer. Elle était pourtant imprégnée de valeurs humanitaires. Sa présence à toutes nos expositions parisiennes, notamment à celle de Saint Maur, quelques jours avant son décès, a témoigné, avec force, de sa constance pour le maintien de notre action. Pour répondre à son souhait et m’assurer que nous étions bien dans l’esprit de ce qui a fondé, depuis 45 ans, le succès de notre action, je lui parlais pourtant de nos interrogations, de nos actions et de nos projets. Son intérêt s’épanouissait alors et éclairait son visage. C’est cette lumière que nous apportait Marie-Rose, qui est absente aujourd’hui.
I, comme une leçon d’Implication. Comment ne pas être influencés par la passion pour l’art de Marie-Rose et, en particulier pour la poésie, qu’elle nous a fait vivre dans ses spectacles. Cet intérêt pour la beauté n’est certainement pas sans rapport avec son attrait pour l’Inde du sud et le travail les brodeuses.
E, comme une leçon d’Engagement. Marie-Rose nous a légué sa foi dans l’homme, dans les effets bénéfiques de la solidarité et l’exemple de générosité qu’elle nous a donné, en créant une œuvre qui nous mobilise tous. Elle insistait sur l’importance du sérieux dans l’organisation de ce que l’on entreprend et de la constance, mais aussi de l’amitié et du soutien mutuel. Elle nous a montré que l’on avait besoin des autres et qu’il fallait savoir solliciter, avec tact, l’aide de ceux qui pouvaient soutenir la réalisation de ses projets.
Puissions-nous poursuivre, avec l’aide de tous, aussi longtemps qu’elle aura un sens, l’action que Marie-Rose a entreprise avec Nicole Durieux et leurs époux, Louis Fournier et Henri Durieux.
Pierre Lemaitre